Ariane Audet

Ariane Audet est l’autrice du recueil Déjà la horde de chair se tait (l’Hexagone, 2016, finaliste au prix Émile-Nelligan) et de l’essai Présences intermittentes des Amériques (XYZ, 2017). Docteure en études littéraires et chercheuse indépendante, elle vit et travaille à Washington.

Décès du poète Jerome Rothenberg

Jerome Rothenberg est décédé le 21 avril 2024, à la maison qu’il partageait avec Diane Rothenberg sa femme et collaboratrice depuis 71 ans.

Jusqu’à la fin de sa vie, il est resté activement engagé en tant que poète, anthologue et artiste – et en tant qu’ami dévoué de sa communauté mondiale.

Ses projets finaux sortiront en 2024, dont une énorme anthologie « omnipoétique » des Amériques co-auteur avec Javier Taboada.

LE DERNIER AMI

Le jour où le dernier ami
meurt
on s’assoit seul.
Un visiteur
depuis l’espace
essaie fort
pour nous convoquer.
Quelqu’un dit

MANGE LA MORT.

Je pêche partout pour avoir des réponses
mais les questions
ne viendra toujours pas.
Je prends la petite fiole
de votre poche
Sniffer et presque mourir.
La police est négligente
au mieux.

Il n’y a pas de place pour les anges
Les orages dérivent du Mexique
où nous errions une fois.
La façon dont ta poitrine
monte et descend
quand vous respirez
est une réponse claire.
Je veux être rassuré :
que même quand je mourrai
le monde continue.

— Jerome Rothenberg, de « Un Livre de Témoin »

Prix de poésie – Les 10 recueils qui forment la seconde sélection du Festival international de la poésie de Montréal (FPM), édition 2024

Montréal, le 22 avril 2024 – Le Festival de la poésie de Montréal (FPM) est heureux de dévoiler les 10 recueils qui forment la première sélection de son Prix francophone international, édition 2024.

En rappel, la personne lauréate participera à la 25ème édition du Festival de la poésie de Montréal (du 26 mai au 2 juin 2024) où il ou elle se verra décerner une bourse de 5000 $. 

Seconde sélection:

Joséphine Bacon, Kau minuat – Une fois de plus, (Mémoire d’encrier – Québec) 

Jean-Philippe Bergeron, genèse berceau de la lune, (Poètes de Brousse – Québec)

Michel Coté, Rien n’est si étrange, (Éditions du Noroît – Québec)

Alain Dantinne, Chemins de nulle part, (L’herbe qui tremble – Belgique)

Tarek Essaker, Les Cheminants, (l’Arbre à paroles – Tunisie) 

Annie Lafleur, Puberté, (Le Quartanier – Québec)

Olyvier Leroux-Picard, Soleil sans heures, (Poètes de Brousse – Québec)

Huppert Malanda, La plus précieuse version du soleil (Éditions Alliance Kongo – République du Congo)

Jean-Christophe Réhel, Le plancher de la lune, (la courte échelle – Québec)

Laurence Vielle, Billets d’où, (Le Castor Astral – Belgique) 

Le FPM remercie ses partenaires pour leur précieux soutien : Académie Mallarmé (France), Consulat général de France à Québec, Fédération des Maisons de la poésie européennes (MAIPO), Festival des Quatre chemins (Haïti), Maison Africaine de la Poésie (Sénégal), Maison de la poésie d’Amay et FiEstival (Fédération Wallonie-Bruxelles). 


À propos du Prix francophone international 

Créé par le FPM en 2020, le Prix francophone international du Festival de la poésie de Montréal est décerné annuellement pour récompenser une œuvre poétique francophone s’étant démarquée par sa qualité formelle et thématique. Cette récompense vise à stimuler les échanges entre les écrivain·eset leurs différents publics à travers le monde francophone. Le nom du lauréat ou de la lauréate est dévoilé chaque année au Festival de la poésie de Montréal.

À propos du Festival de la poésie de Montréal

Fondé en 2000, le Festival de la poésie de Montréal a pour mission de promouvoir la poésie, ici comme à l’étranger. Il rassemble chaque printemps près de 200 poètes, éditeurs, éditrices, revuistes, chercheurs et chercheuses. En plus d’une programmation diversifiée (spectacles, lectures, colloques, tables rondes, projections, balados, remises de prix, hommages, etc.), il tient chaque année le Marché de la poésie, événement unique en son genre en Amérique du Nord. La prochaine édition du FPM, qui souligne la 25ème édition, se tiendra du 26 mai au 2 juin 2024.

Pour plus de détails : https://www.festivaldelapoesiedemontreal.com/fr/prix

Bravo à tous les finalistes.

Appel à textes : Revue Cairns 35

Message de Patrick Joquel:

Le numéro 35 prendra le menu suivant : Les couleurs du monde

Nous cherchons des poèmes colorés.

Les couleurs dans la nature. Les couleurs politiques. Les couleurs du vivant et du non-vivant, des pays. Toutes les palettes qui accompagnent nos jours. Celles que nous voyons en chemin, celles qui nous échappent dans le quotidien œillères.

Ces moments où la couleur nous accorde au monde ou à l’autre.

Des poèmes bien sûr que l’on peut lire dès l’enfance, voire la petite enfance et bien au-delà aussi.

Nous attendons vos propositions (trois textes maximum/personne ; de préférence inédits ou libres de droits, ou accord tacite de l’éditeur) pour ce numéro 35 qui sera publié en septembre 2024.

Réception des poèmes jusqu’au 05 juin 202à patrickjoquel@orange.fr

un seul dossier joint par personne sous word ou open office, avec le nom et le prénom ainsi que le mail svp

*

Rappel : Cairns est une revue destinée aux enseignants et aux écoles, collèges, lycées. Dans le choix de vos propositions, pensez à garder cela en mémoire.

Quelques mots sur Cairns :
Cairns est une revue qui paraît en début d’année scolaire et en janvier. Une de ses ambitions est de permettre au poème d’entrer dans les classes (maternelle, primaire, collège…) ; d’y être présent ! Simplement. Des poèmes inédits ou non. Des poètes contemporains. Un outil de langue, un outil de formation à la poésie, de découverte ! (nos abonnés sont principalement des enseignants ou des bcd/cdi).

Cairns (ISSN : 1959-2523) est éditée par les éditions de la Pointe Sarène, 5 traverse de l’orée du bois 06370 Mouans-Sartoux et les éditions Gros Textes, Fontfourane, 05380 Châteauroux les Alpes.
Abonnement pour deux numéros 15 €. (au numéro : 10€)
Abonnement de soutien libre…
Patrick Joquel

https://www.patrick-joquel.com/editions/cairns-revue

Flore Nélin

*

Je voulais juste que tu me parles

1.

regarde

un puits

s’est installé

2.

et la langue

reboit

tout l’obscur

3.

pendant qu’éclatent les coquelicots

la solitude

se désinstalle de nos visages

4.

un carré de bitume

détaché du reste

laisse passer la terre

5.

jour miroir

le dernier du mois

tu mesures ta hauteur

6.

les vapeurs

les volutes

t’aspirent tout entier

7.

le fixe n’existe plus

tu ne sais rien du mobile

et qui pour t’appeler

8.

le rêve est un palais

les rêveurs sont beaux

ils regardent leurs enfants

9.

l’oubli

fait de toi

son partenaire

10.

un ciel étale

la pâte noire

de nos peaux

11.

l’herbe de la nuit

fait pour tes pas

une délicieuse litière

12.

tes paroles

comme des bulles

montent au nez

13.

il y a un loup dans ton cœur

et dans tes mains un papillon

voltige

14.

le silence

maintenant

boit tes paroles

15.

l’indifférence

de tes enfants

troublant narcotique

16.

le carreau

ne laisse plus passer

le moindre reflet

17.

une mèche de neige

insiste

derrière l’oreille

Flore Nélin, une version étale des 17 syllabes composant le haïku dans sa forme traditionnelle

*

Flore Nélin est née à Nantes, en 1984. Elle vit et travaille à Poitiers, où elle exerce en tant que psychologue auprès des bébés et de ceux qui les entourent.

Les actions de « lire-écrire » se répondent, se mettent en dialogue. Une nouvelle paraît en 2005 au sein d’un recueil collectif, et elle fait la rencontre d’Eric Holder qui l’encourage dans cette direction.

En 2015, l’album jeunesse « Au revoir Sidonie » est publié aux éditions Goater, avec les illustrations de Fanny Delsart.

Deux poèmes sont en cours de parution dans les pages de Traction-Brabant et Lichen.

Deux des auteurs de notre Collection Magma Poésie sont en nomination pour des prix littéraires

Deux des auteurs de notre Collection Magma Poésie sont en nomination pour des prix littéraires:

Sylvain Campeau est finaliste pour le Prix LaMétropole 2024;
Laurence Fritsch est en lice pour le Prix Ganzo Espoir 2024.

Nos auteurs sont notre fierté. Bonne chance à Sylvain Campeau et Laurence Fritsch !
https://www.pierreturcotte.com/auteur/campeau
https://www.pierreturcotte.com/auteur/fritsch

Merci à Ricardo Langlois, Alain Clavet, le journal LaMetropole, à Alain Borer, Yvon Le Men, Jean-Baptiste Para, Dominique Sampiero, Jean-Pierre Siméon et Claudine Delaunay.

Tania Langlais – Les pommiers dépassaient partout les palissades par Ricardo Langlois sur LaMetropole.com

Un très bel article de l’ami Ricardo sur une grande poète: Tania Langlais.

Le lien vers l’article

Pour un chroniqueur de poésie, lire un livre de Tania Langlais est un privilège absolu. Surtout ce livre que je découvre. Il est question d’amour fou allant jusqu’au suicide. Il faut écrire des graffitis, des territoires à explorer. Comment faire son chemin en creusant des phrases incendiaires. Vladimir Maiakovski aime Lili Brik. Célèbre poète de l’avant-garde russe. Il écrit. Il voyage. Il est surtout fou de Lili.

Une balle au cœur

« Il pleure souvent Lili, il a trente-six ans, il se tire une balle dans le cœur » (p. 14 ). 

Une écriture minimaliste pour l’autrice. C’est une écriture qui fouette, blesse, pleine d’innocence et de clair-obscur. Est-ce que cette lecture m’apportera quelque chose? C’est tragique (1). Une journée de deuil avec « des pommiers qui dépassent partout des palissades ».

« Le cœur est un poème
Sans résistance
Elle lui interdit de mourir »  (p.17)

Une joie affolée

Ne pas craindre de me détacher de la poussière des sentiers battus. Aller vers un pays inconnu. Le pays intérieur de Tania Langlais. Il y a une certaine beauté. Une beauté tranquille. Un livre qui nous raconte des secrets. Lire pour avancer. Ai-je assez de force pour lire le souffle d’une voix unique dans le paysage poétique québécois? J’ai mis du temps. Les poèmes racontent la tyrannie du monde.

« Ton prénom on dirait une joie
Affolée presque
Un fauve soudain consolé
Hors champ
Qui fuirait par le jardin
Lili
Bruissant dans le petit matin »  (p. 19)

Élégie de leffroi

Pour des raisons personnelles, j’ai pensé à Verlaine quand il a tiré sur Arthur Rimbaud. Cette image a été si forte lorsque j’ai lu Rimbaud pour la première fois (2).

« On dira que cet amour était traversé
De ruptures
Et d’animaux petits
Ne m’oublie pas
J’ai froid  j’ai perdu
Ta douleur
Reviens-moi je t’aimerai
Comme un chien » (p. 40)

Écrire est un acte de résistance. L’écriture me fait toucher à l’infini, à l’éternité. Je cherche l’Illumination. L’écriture comme le sacrifice ultime. Écrire comme un poète surdoué. Madame Langlais a ce génie.

« Comment t’écrire
Nous ne sommes pas l’événement
Nous sommes l’amour
Surdoué
Cette douleur
Tu signes
Qui pleure » (p.46 )

Et lobsession de leau

L’autrice a eu un choc en lisant « Les fous de Bassan » d’Anne Hébert (3), roman baigné par le fleuve. L’eau est partout dans son œuvre.

Personnellement, j’aime écrire aux Iles de Boucherville.

« Le prochain livre sera nécessaire
Ou ne sera pas
Il faudra écrire sur l’eau
Il faudra le noyer aussitôt » (p.50)

Elle n’écrit pas beaucoup. C’est une écriture qui vise d’autres espérances. Une écriture sans tabou. Je trouve au-delà des mots, un langage pour effrayer la mort. Faire basculer l’intériorité, les affects. Un cri ou une prière inventée. Une arme : des poèmes tout petits. L’ombre de l’écriture consentie. Un Chant comme la vivacité d’un souffle qui déchire entre les lignes.

Vous l’avez sûrement deviné, j’ai adoré cette écriture qui décape, qui est avant-gardiste.

Notes

1. Roland Barthes, « Le plaisir du texte », L’idée d’un discours suicidaire, p. 33.

2. Le 10 juillet 1873, Rimbaud est blessé d’un coup de revolver par Verlaine. Arthur Rimbaud, « Poésies »,  Chronologie. NRF Gallimard.

3. Les trois auteur.e.s ayant marqué la trajectoire de lautrice Tania Langlais. Site ICI Ottawa-Gatineau par Valérie Lessard.

Tania Langlais est née à Montréal en 1979. Elle reste la plus jeune lauréate du prix Émile-Nelligan à ce jour. Avec « Pendant que Perceval tombait », elle a reçu le Prix litéraire du Gouverneur général et le prix Alain-Grandbois.

Tania Langlais, Les pommiers dépassaient partout des palissades,  Les Herbes Rouges 2024.

PRIX ÉMILE-NELLIGAN 2024 | Les finalistes

PRIX ÉMILE-NELLIGAN | Les finalistes

19 avril 2024

Montréal, le 19 avril 2024 — Le prix Émile-Nelligan sera décerné le lundi 6 mai prochain, à 17 h 30, à la Grande Bibliothèque. Le jury, présidé par Jonathan Charette et formé de Nicole Brossard et Laurence Veilleux, a retenu trois finalistes à la suite de l’examen des vingt-trois recueils soumis.

Névé Dumaspoème dégénéré, L’Oie de cravan
Sarah-Louise Pelletier-MorinLe marché aux fleurs coupés, La Peuplade
Émilie TurmelBerceuses, Poètes de brousse

LUNDI 6 MAI 2024, À 17 H 30, À LA GRANDE BIBLIOTHÈQUE,
AU 475, BOULEVARD DE MAISONNEUVE EST, MONTRÉAL

La remise du prix Émile-Nelligan pour l’année 2023 sera précédée d’une lecture de poésie. Lors de la cérémonie officielle, la Fondation remettra au récipiendaire une bourse de 7 500 $ de même qu’une médaille en bronze frappée à l’effigie du poète. Les finalistes recevront un montant de 500 $ chacun.

Ce prix de poésie constitue une récompense plus qu’importante pour le·la poète en émergence et, depuis 1979, il couronne un·e poète d’Amérique du Nord de trente-cinq ans ou moins pour un recueil publié en français au cours de la dernière année.

Rappelons que la Fondation Émile-Nelligan est une société sans but lucratif, créée à l’instigation de Gilles Corbeil, neveu d’Émile Nelligan, en vue d’honorer la mémoire du poète et d’aider les arts et les lettres.

Source : Manon Gagnon

Cell. : 514 214-0124 | info@fondation-nelligan.org | www.fondation-nelligan.org

PRIX COPO DES LYCÉENS 2024

Sofía Karámpali Farhat est lauréate du Prix CoPo des lycéens 2024 pour son premier recueil 𝘡𝘢𝘢𝘵𝘢𝘳 !
Rendez-vous le 21 juin à 17h20 au Marché de la Poésie de Paris pour la remise officielle du prix.

Ezra Pound

*

Je ne suis plus humain, pourquoi faudrait-il
Simuler l’humanité ou revêtir cette parure fragile ?
Des hommes ai connu, des hommes encore, mais il
N’y en eut un seul qui fût essence aussi libre que moi
Qui fût pur et simple élément comme moi,
La brume quitte le miroir et je vois.

*

La chair des faunes, les visions
Des saints, ne nous vont plus,
Exemptés de circoncision,
La Presse est notre communion.
Egaux devant la loi,
Délivrés des Pisistrate,
Nous aimons qu’une canaille
Ou un eunuque nous gouverne.

*

PER USURA 
la laine déserte les marchés 
le troupeau perte pure par usura. 
Usura est murène, usura 
use l’aiguille aux doigts de la couseuse 
suspend l’adresse de la fileuse. Pietro Lombardo 
n’est pas fils d’usura 
n’est pas fils d’usura Duccio 
ni Pier della Francesca ; ni Zuan Bellin’ 
ni le tableau « la Callunia » 
N’est pas œuvre d’usura Angelico ; ni Ambrogio Praedis 
ni l’église de pierre signature d’Adamo me fecit 
Ni par usura St Trophime 
Ni pas usura Saint Hilaire, 
Usura rouille le ciseau 
rouille l’art l’artiste 
Rogne fil sur le métier 
Nul n’entrecroise l’or sur son modèle ; 
L’azur se chancre par usura ; le cramoisi s’éraille 
L’émeraude cherche son Memling 
Usura assassine l’enfant au sein 
Entrave la cour du jouvenceau 
Paralyse la couche, oppose 
le jeune époux son épousée 
               CONTRA NATURAM 
Ils ont mené des putains à Éleusis 
Les cadavres banquettent 
au signal d’usura. 

*

Ezra Pound est un poète, musicien et critique américain qui a fait partie du mouvement moderniste du début des années 1920 et qui est souvent rattaché à la Génération perdue.
Il est considéré comme l’un des poètes majeurs et parmi les plus influents du xxe siècle dans le monde anglo-saxon.  Il est enterré à Venise, au cimetière de San Michele.

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